lundi 2 janvier 2012

3 juillet 2010 : Assouan : une bénédiction ou une malédiction ?

18h12

Quelle nuit courte mais si reposante ! Noé mon guide du jour et moi sommes parti ce matin aux alentours de 6h pour rejoindre le fameux barrage. 
En voiture, j’ai appris que ce barrage hydroélectrique a été achevé en 1973 après 19 ans de construction au bord du lac Nasser à 7 kilomètres en amont d’Assouan. Il permet de retenir 169 milliards de litres d’eau, ce qui en fait un des plus grands barrages au monde, avec un réservoir situé à 183 mètres d’altitude dont la surface est de 650 000 hectares. Grâce à ce dernier, une grande partie de l'Égypte est desservie en eau et en électricité. Il régule les crues du Nil, ce qui à permis d’améliorer la navigation et d’intensifier l’agriculture en doublant les récoltes, de plus il produit pas moins de 10 milliards de kWh d'électricité chaque année. Même si des avantages sont notables, il ne faut pas oublier qu’une telle construction entraîne des inconvénients. L’érosion est de plus en plus forte. Le limon, véritable engrais naturel, s’accumule sur les parois du barrage au détriment de la terre. De plus, l’inondation provoqué par le bassin artificiel a englouti à jamais une dizaine de sites archéologiques, c'est un préjudice culturel. D’ailleurs, le célèbre temple d’Abou Simbel édifié sous le règne de Ramsès II a dû être déplacé dans les année 1960. Le barrage d’Assouan est un bon exemple des différents enjeux engendrés par le Nil.

(AFP)


Une fois arrivés sur les lieux, que Noé a réellement commencé à me parler des enjeux créés Les pays riverains l’ont très bien compris l'importance du Nil et ont chacun leurs propres projets d’exploitation du fleuve. Par exemple, l'Éthiopie désire devenir un exportateur d’électricité ; la construction d’un barrage est donc nécessaire. Aussi, le Kenya a pour vœux d’améliorer son irrigation agricole tandis que la Tanzanie se dirige vers la création de pipeline pour approvisionner ses zones arides, l'Ouganda projette lui aussi la construction de barrages... La Chine prend part à ces discussions en finançant une partie des projets du barrage, en faveur de l'Éthiopie, du Kenya et de la Tanzanie. Bien évidemment le Soudan, souhaitant vendre ses zones agricoles irriguées, et l'Égypte, qui dans une perspective de 40 ans devra subvenir aux besoins de 130 millions d’habitants, ne peuvent approuver ces entreprises. La question du Nil est particulièrement sensible pour les égyptiens, du fait que leur civilisation ai été rythmé au crues du fleuve, mais aussi et surtout car le Nil est la seule ressource en eau douce renouvelable que possède le pays, le Soudan connaît la même situation. Contrairement à ces zones, celles en amont bénéficient d'une pluviosité considérable et les ressources sont donc plus renouvelables. Limitées, les ressources hydriques sont gaspillées, en particulier par l'agriculture. En 2001 rien qu'en Égypte, 86% de l'eau douce était utilisé dans ce secteur. « Pour manger, il faut de l'eau! » Dans les pays en développement cette activité représente 80% des prélèvements, faisant ainsi de la part des usages domestiques (10%) une part minime.
Le Président Moubarak et son gouvernement ont eu pour projet de créer « une nouvelle vallée » destinée à accueillir des terres agricoles et des industries. Pour cela, une partie du Nil doit être détournée vers la dépression des oasis du désert égyptien. L'eau est captée dans le Lac Nasser pour rejoindre le canal Cheikh Zayed, nom donné en l'honneur du président des Émirats arabes unis qui a mis sa pierre à l'édifice en ce qui concerne le financement. 225 000 hectares sont alors irrigués grâce à ce canal et à ses branches. C'est une entreprise à double tranchant : dans le meilleur des cas c'est une solution à la croissance démographique importante que connaît l'Égypte, en revanche s'il échoue il aggravera les difficultés d'approvisionnement en eau dans la région.

Les barrages influencent le débit du Nil. Si celui ci est trop faible, la navigation devient impossible sur le fleuve. Cela pourrait engendrer certains problèmes, car toute une économie s'est construite autour de ce grand cours d'eau : imaginez si plus aucun bateaux ne pourraient plus circuler sur le Nil, ce serait une catastrophe pour le tourisme et toutes les activités qui en dépendent!

Voilà pour cet article ! Plus tard, je vous parlerai de mon expédition à Khartoum ! Un nouveau pays et de nouvelles aventures s'ajoutent à mon voyage.


Cliquer sur "Message plus anciens" pour  découvrir la suite.