18h12
Quelle nuit courte mais si reposante !
Noé mon guide du jour et moi sommes parti ce matin aux alentours de
6h pour rejoindre le fameux barrage.
En voiture, j’ai appris que ce
barrage hydroélectrique a été achevé en 1973 après 19 ans de
construction au bord du lac Nasser à 7 kilomètres en amont
d’Assouan. Il permet de retenir 169 milliards de litres d’eau, ce
qui en fait un des plus grands barrages au monde, avec un réservoir
situé à 183 mètres d’altitude dont la surface est de 650 000
hectares. Grâce à ce dernier, une grande partie de l'Égypte est
desservie en eau et en électricité. Il régule les crues du Nil, ce
qui à permis d’améliorer la navigation et d’intensifier
l’agriculture en doublant les récoltes, de plus il produit pas
moins de 10 milliards de kWh d'électricité chaque année. Même si
des avantages sont notables, il ne faut pas oublier qu’une telle
construction entraîne des inconvénients. L’érosion est de plus
en plus forte. Le limon, véritable engrais naturel, s’accumule sur
les parois du barrage au détriment de la terre. De plus,
l’inondation provoqué par le bassin artificiel a englouti à
jamais une dizaine de sites archéologiques, c'est un préjudice
culturel. D’ailleurs, le célèbre temple d’Abou Simbel édifié
sous le règne de Ramsès II a dû être déplacé dans les année
1960. Le barrage d’Assouan est un bon exemple des différents
enjeux engendrés par le Nil.
(AFP) |
Une fois arrivés sur les lieux, que
Noé a réellement commencé à me parler des enjeux créés Les pays
riverains l’ont très bien compris l'importance du Nil et ont
chacun leurs propres projets d’exploitation du fleuve. Par exemple,
l'Éthiopie désire devenir un exportateur d’électricité ;
la construction d’un barrage est donc nécessaire. Aussi, le Kenya
a pour vœux d’améliorer son irrigation agricole tandis que la
Tanzanie se dirige vers la création de pipeline pour approvisionner
ses zones arides, l'Ouganda projette lui aussi la construction de
barrages... La Chine prend part à ces discussions en finançant une
partie des projets du barrage, en faveur de l'Éthiopie, du Kenya et
de la Tanzanie. Bien évidemment le Soudan, souhaitant vendre ses
zones agricoles irriguées, et l'Égypte, qui dans une perspective de
40 ans devra subvenir aux besoins de 130 millions d’habitants, ne
peuvent approuver ces entreprises. La question du Nil est
particulièrement sensible pour les égyptiens, du fait que leur
civilisation ai été rythmé au crues du fleuve, mais aussi et
surtout car le Nil est la seule ressource en eau douce renouvelable
que possède le pays, le Soudan connaît la même situation.
Contrairement à ces zones, celles en amont bénéficient d'une
pluviosité considérable et les ressources sont donc plus
renouvelables. Limitées, les ressources hydriques sont gaspillées,
en particulier par l'agriculture. En 2001 rien qu'en Égypte, 86% de
l'eau douce était utilisé dans ce secteur. « Pour manger, il
faut de l'eau! » Dans les pays en développement cette activité
représente 80% des prélèvements, faisant ainsi de la part des
usages domestiques (10%) une part minime.
Le Président Moubarak et
son gouvernement
ont eu pour projet de créer « une nouvelle vallée »
destinée
à accueillir des terres agricoles et des industries. Pour cela, une
partie du Nil doit être détournée vers la dépression des oasis du
désert égyptien. L'eau est captée dans le Lac Nasser pour
rejoindre le canal Cheikh Zayed, nom donné en l'honneur du président
des Émirats arabes unis qui a mis sa pierre à l'édifice en ce qui
concerne le financement. 225 000 hectares sont alors irrigués grâce
à ce canal et à ses branches. C'est une entreprise à double
tranchant : dans le meilleur des cas c'est une solution à la
croissance démographique importante que connaît l'Égypte, en
revanche s'il échoue il aggravera les difficultés
d'approvisionnement en eau dans la région.
Les barrages influencent
le débit du Nil. Si celui ci est trop faible, la navigation devient
impossible sur le fleuve. Cela pourrait engendrer certains problèmes,
car toute une économie s'est construite autour de ce grand cours
d'eau : imaginez si plus aucun bateaux ne pourraient plus circuler
sur le Nil, ce serait une catastrophe pour le tourisme et toutes les
activités qui en dépendent!
Voilà
pour cet article ! Plus tard, je vous parlerai de mon expédition à
Khartoum ! Un nouveau pays et de nouvelles aventures s'ajoutent à
mon voyage.