9h42
Khartoum
Je n’avais encore jamais pris le bus depuis mon départ pour l'Égypte et je peux vous dire que cette expérience fut fort désagréable. Les bus roulent sur des routes quelque peu sinueuses et la chaleur permanente ne laissent que peu de répit. Je n’ai pas réussi à m’endormir pendant le trajet. Arrivé à Khartoum, je me suis donc effondré dans une chambre d’hôtel.
Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu visiter la capitale du Soudan: Khartoum. La ville où le Nil bleu et le Nil blanc se rejoignent.
"Tu sais, ici à l'ambassade la question du Nil est un sujet récurrent, c'est un grave faille dans la relation de ces pays africains. Prenons l'exemple de l'Ouganda, étant donné que tu t'intéresses au sujet de dois savoir ce qui s'y passe non?
-Oui à peu près, j'ai entendu parler de projets de captage et de constructions de barrages.
-C'est ça oui, l'Ouganda envisage de prélever de l'eau dans le lac Victoria pour irriguer ses terrains agricoles. Mais ces pompages massifs inquiète l'Égypte et le Soudan, comme à chaque fois qu'un pays de l'Initiative du bassin du Nil souhaite faire quoi que soit pour exploiter le fleuve. C'est un véritable dialogue de sourd, et parfois les origines de certains conflits entre pays sont nées durant la guerre froide. C'est le cas des désaccords ente l'Égypte et l'Éthiopie. À cette époque, l'Éthiopie était pro-américaine et l'Égypte pro-soviétique, et quand celle-ci redevint pro-occidentale l'autre devint pro-soviétique, si l'un dit blanc l'autre noir... De plus, des accords et traités autorisant l'immigration des populations juives éthiopienne falachas ente Israël et l'Éthiopie mais aussi l'Ouganda ont été signé, l'Égypte y voyait un moyen pour Tel-Aviv de prendre à revers le monde arabe. Ce qui montre bien que l'asymétrie d'information qui persiste entre ces pays peut provoquer des réactions qui frôlent la paranoïa...
-Mais avec des tensions persistantes quasi-ancestrales et croissantes vis-à-vis des enjeux , penses-tu qu'il y aura une guerre du Nil?
-Et bien, j'émets toujours de fortes réserves par rapport au sujet, d'un point vue militaire le Soudan ravagé par une guerre civile qui a durée plus de vingt et un ans ne serrait pas en mesure d'affronter l'Éthiopie, de par son éloignement il fort probable que l'Égypte puisse attaquer l'Ouganda par exemple, et puis l'ONU peut prendre des sanctions, les casque bleus peuvent être envoyés... Et puis n'oublions pas que des éléments de droit international sur le partage des eaux existent, l'affaire du Lac Larnoux entre le France et l'Espagne est un exemple de contentieux réglés par le droit , le conflit armé n'est pas une solution sur le long terme!"
Rencontre dans le salon avec Nathan, portrait de l'ambassadeur en fond |