16h08
Je poursuis mon voyage sur les rives du
Nil, que ce soit au rythme d’un sandale (embarcation traditionnelle
égyptienne), d’un chameau ou d’une Jeep. Petit à petit, je me
rapproche d’Assouan.
(© Alexandra Caussard) |
Seule ombre au tableau, en marchant au bord de
l’eau un bout de verre a transpercé ma chaussure et m’a entaillé
le pied… Par chance, j’ai pu rencontrer un médecin humanitaire
dans un village de pêcheur voisin. Pour le remercier je lui ai
offert un thé, autour du quel nous avons longuement parlé. Il m’a
fait ouvrir les yeux sur la pollution du fleuve et ses conséquences
sur la santé et l'environnement. Après réflexions, il est vrai que
j’avais déjà remarqué des flaques d’essence en surface.
Cependant, je n’imaginais pas que le problème était à ce point à
prendre au sérieux. Rien qu’en Égypte, chaque année 1,8 milliard
de mètres cubes d’eau usées non traitée sont rejetée dans le
Nil, Seulement 4% des villes jouissent d’un réseau d’égouts. Le
fleuve ne reçoit pas moins de 549 millions de mètres cube de
déchets industriels en tout genre (produits chimiques, métaux
lourd, …), sans compter sur les vidanges sauvages des bateaux…
Ces pollutions multiformes, industrielles ou bactériologiques,
entraînent atrophies cérébrales, dysfonctionnements rénaux,
provoquent l’apparition de maladies comme le choléra ou le typhus.
Ainsi 25% des maladies égyptiennes sont dues au Nil.
Cette pollution
est donc un véritable fléau et comme me l’explique Daniel mon ami
médecin :
«Ici les enfants et les personnes
âgées meurent de la pollution, des infections, mais aussi de la
faim. Car le peu de poissons que les pêcheurs ramènent sont
impropres à la consommation. En effet , non loin de là, une
usine de teinture tourne à plein régime… Je vous laisse imaginer
le carnage ! Notre aide dans la région est vitale, car le
gouvernement corrompu et la légendaire bureaucratie égyptienne ne
font rien pour arranger les choses ! Écoutez, les villageois
peuvent payer jusqu’à 8 fois plus cher l’eau potable que les
résidents des quartiers riches du Caire, étant donné que l’eau
du robinet n’existe pas dans les villages pauvres, ici on est
obligé de payer des camions citernes afin d’acheminer l’eau
potable. Certains fournisseurs achètent l’eau sur le réseau
publique puis la revende à des « petits porteurs ».
Chacun prend sa marge et c’est finalement le consommateur pauvre
qui paye le prix fort, c’est très inégalitaires !»
Daniel, pris par une urgence, a dû
mettre fin à notre entretient. Je me suis donc remis en route,
averti sur l’état de santé du fleuve et des populations locales.
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Le médecin, Daniel à gauche et moi à droite |
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