jeudi 5 janvier 2012

30 juin 2010 : En partance pour le barrage d’Assouan


 16h08

Je poursuis mon voyage sur les rives du Nil, que ce soit au rythme d’un sandale (embarcation traditionnelle égyptienne), d’un chameau ou d’une Jeep. Petit à petit, je me rapproche d’Assouan.

(© Alexandra Caussard)


Seule ombre au tableau, en marchant au bord de l’eau un bout de verre a transpercé ma chaussure et m’a entaillé le pied… Par chance, j’ai pu rencontrer un médecin humanitaire dans un village de pêcheur voisin. Pour le remercier je lui ai offert un thé, autour du quel nous avons longuement parlé. Il m’a fait ouvrir les yeux sur la pollution du fleuve et ses conséquences sur la santé et l'environnement. Après réflexions, il est vrai que j’avais déjà remarqué des flaques d’essence en surface. Cependant, je n’imaginais pas que le problème était à ce point à prendre au sérieux. Rien qu’en Égypte, chaque année 1,8 milliard de mètres cubes d’eau usées non traitée sont rejetée dans le Nil, Seulement 4% des villes jouissent d’un réseau d’égouts. Le fleuve ne reçoit pas moins de 549 millions de mètres cube de déchets industriels en tout genre (produits chimiques, métaux lourd, …), sans compter sur les vidanges sauvages des bateaux… Ces pollutions multiformes, industrielles ou bactériologiques, entraînent atrophies cérébrales, dysfonctionnements rénaux, provoquent l’apparition de maladies comme le choléra ou le typhus. Ainsi 25% des maladies égyptiennes sont dues au Nil.


Cette pollution est donc un véritable fléau et comme me l’explique Daniel mon ami médecin :
«Ici les enfants et les personnes âgées meurent de la pollution, des infections, mais aussi de la faim. Car le peu de poissons que les pêcheurs ramènent sont impropres à la consommation. En effet , non loin de là, une usine de teinture tourne à plein régime… Je vous laisse imaginer le carnage ! Notre aide dans la région est vitale, car le gouvernement corrompu et la légendaire bureaucratie égyptienne ne font rien pour arranger les choses ! Écoutez, les villageois peuvent payer jusqu’à 8 fois plus cher l’eau potable que les résidents des quartiers riches du Caire, étant donné que l’eau du robinet n’existe pas dans les villages pauvres, ici on est obligé de payer des camions citernes afin d’acheminer l’eau potable. Certains fournisseurs achètent l’eau sur le réseau publique puis la revende à des « petits porteurs ». Chacun prend sa marge et c’est finalement le consommateur pauvre qui paye le prix fort, c’est très inégalitaires !»

Daniel, pris par une urgence, a dû mettre fin à notre entretient. Je me suis donc remis en route, averti sur l’état de santé du fleuve et des populations locales.

Le médecin, Daniel à gauche et moi à droite



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